Ma première rencontre avec un dauphin

Photo prise ce jour-là, à Anvers, début des années 1970 - copyright Diane Dechievre

J’avais cinq ans et demi, lorsque j'étais au delphinarium du zoo d’Anvers. Après le show, je m'étais avancée vers le bassin qu’un muret en béton séparait de moi.

 

L'un des deux dauphins s'avança vers moi à toute vitesse, s'arrêta tout près de moi. J'aurais pu le toucher s'il n'y avait pas eu cette barrière entre nous. Il pivota et me fixa droit dans les yeux pendant un court laps de temps. Il s'élança, fit un tour du bassin très rapidement et s'arrêta à nouveau à ma hauteur, pirouetta, capta mon regard, s’éleva verticalement, ouvrit le rostre et grinça. Il répéta la manœuvre plusieurs fois.

 

Il y avait d'autres enfants qui s'étaient avancés vers le bassin, mais c'était vers moi que ce dauphin ne cessait de revenir. J’avais envie de répondre à son appel et de le rejoindre dans son bassin, mais j’étais résignée par les règles et la configuration du lieu de ne pouvoir assouvir ce désir partagé. Je m’étais contentée de lui répondre avec les yeux, le sourire et quelques baragouins de joie mêlée à la tristesse de le voir captif dans un si petit bassin.

 

La sensation ressentie alors est difficilement exprimable. Je ressentis à la fois le besoin que ce dauphin avait de me transmettre un message, un bonheur intense car plus rien autour ne comptait et un immense sentiment d’impuissance.

 

J'étais une enfant, mais ce moment s'est imprégné en moi. A présent, des décennies plus tard, j'ai encore cette impression de transmission d'un message, intense, complexe, global, tenace. Un peu comme si ce dauphin m'avait demandé de remplir une mission: œuvrer pour une communication harmonieuse inter-espèces et pour le respect de la dignité de la vie des innocents.

 

Est-ce le dauphin qui m'a insufflé cette ouverture sur la vie, cette clairvoyance? Ou bien est-ce parce que, justement, je suis née sous une étoile qui me confère une certaine conscience que le dauphin s'est avancé vers moi?

 

La question restera ouverte…

 

© Diane Dechièvre

 

Texte rédigé l'année 2000

 

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